Gillian Bennet : À midi, je serai morte Par Monique Crépault le 20 août, 2014

Publié le par Carole Gouyé

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À midi, je serai morte (une histoire de suicide, encore)

Par Monique Crépault le 20 août, 2014

Lundi, à midi, une femme de 85 ans s’est tuée plutôt que de devenir démente et finir ses jours comme une carcasse vide à l’hôpital.

Gillian Bennett avait 85 ans au moment de son suicide et en était aux premières étapes de la démence.

Parce qu’elle ne voulait pas finir comme un légume dans un décor d’hôpital, à « manger l’argent du pays, sans avoir la moindre idée de qui elle était », cette mère de deux enfants, grand-mère de six et arrière-grand-mère de deux, a décidé d’en terminer avec la vie alors qu’elle était encore assez lucide pour le faire.

Lundi dernier, comme le rapporte le Vancouver Sun, un peu avant midi, Gillian a tiré un matelas de mousse depuis sa maison à Bowen Island, en Colombie-Britannique, jusqu’à son lieu préféré, sur l’herbe, face à une falaise. L’endroit où elle avait choisi de mourir.

Elle avait avec elle un bon whisky, une dose de Nembutal mélangée à de l’eau et Jonathan, son mari depuis 60 ans.

« J’ai tenu sa main. J’étais d’accord avec son choix, a expliqué l’ancien professeur de philosophie. Elle ne voulait pas que je l’aide et je ne le souhaitais pas non plus. Je ne sais pas où elle s’est procuré le Nembutal ou les instructions, elle ne me l’a pas dit ».

Gillian ne l’a pas laissé non plus tirer le matelas à l’extérieur, même si c’était là un effort difficile pour elle. Elle savait que si quelqu’un l’aidait en quoi que ce soit, sa mort deviendrait illégale.

« Elle n’avait pas peur. Pas du tout. Elle était aussi calme et paisible comme peut imaginer » a confié son mari.

Quand elle est morte, Jonathan a laissé sa main et a appelé son médecin, qui est venu confirmer le suicide avant d’appeler la RCMP.

« Gillian et moi nous n’aimions pas et désapprouvions les lois qui font qu’il est impossible d’aider quelqu’un que l’on aime dans quelque chose d’aussi important que la mort ».

Deadatnoon.com

Depuis deux ans, celle qui a eu une fructueuse carrière de psychothérapeute a écrit sur son site web, deadatnoon.com (morte à midi) pour expliquer sa décision d’en finir avec la vie dans un texte qui n’est devenu public qu’après sa mort.

« Ce n’est pas seulement qu’elle ne voulait pas être un poids pour les autres, dit Jonathan. Elle pensait aussi au genre de vie qu’elle aurait. Ç’aurait été dur pour nous et pas assez bon pour elle ».

Le dernier week-end, Gillian l’a passé en famille, avec ses deux enfants, Sara, 56 ans, et Guy, 55 ans. Tous deux étaient au courant de sa décision.

Je partage cette histoire avec vous, parce qu’elle m’a énormément touchée.

Parce que mon père souffre de démence et qu’il n’est plus que l’ombre de celui qui fut mon père.

Parce qu’un jour, ce sera moi qui verserai tranquillement, mais sûrement vers la démence. Ou mon chum. Ou ma meilleure amie. J’écris démence, mais on peut remplacer par bien d’autres maladies dégénératives, de celles qui ne laissent pas place à l’espoir.

Parce que je crois comme Gillian que les lois doivent être changées, que l’on doit pouvoir disposer de notre vie comme on l’entend quand on sait que l’horizon n’est plus que la perte de soi-même, j’ai décidé de traduire le texte de Gillian. Il est long. Vous pouvez le sauter si vous voulez et partir cliquer ailleurs. Si vous le lisez par contre, ne vous gênez surtout pas pour commenter ensuite… Parce que, moi, il m’a noué la gorge.

Et moi, je m’en vais suivre le conseil de Gillian. Je m’en vais préparer mon Testament de vie. Peut-être que si tout le monde faisait ça, sans attendre le go du gouvernement, la force du nombre deviendrait force de loi ?

Qu’en pensez-vous ?

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